Le phare aux deux amant

En ce matin du mois de mars, une nouvelle saison s’annonce. Je vais dans quelques jours ouvrir aux touristes les portes du phare de la Canche dans ma ville du Touquet. J’en suis avec fierté le gardien. J’ai obtenu ce poste il y a quelques années. Même si je me plais à prendre soin de lui, cet édifice n’est plus en activité. Actuellement, il s’agit d’un musée. 

Ce phare m’envoûte et me fascine. Enfant, je ne manquais jamais une occasion de m’y rendre avec ma bande de camarades durant nos innombrables jeux guerriers. J’adorais me cacher derrière lui, prêt à bondir sur mes ennemis, armé de mon bâton de bois sculpté et m’imaginant héroïque, bravant tous les dangers pour sauver ce monstre de pierres. Assis en son pied à l’affût de mes adversaires, je levais la tête et observais son gigantesque sommet à plus de 50 mètres qui semblait tanguer dans le ciel et me donnait le vertige. J’aimais sa forme octogonale qui lui prêtait fière allure, son parement de briques orange se dressant au centre d’un petit parc verdoyant encastré au milieu des nombreuses habitations modernes. Je rêvais de pouvoir atteindre son pic et d’apercevoir le large, m’imaginant distinguer les bateaux naviguant au loin sur l’horizon, heureux d’activer les sources lumineuses destinées à leur éviter tout danger imminent.